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Sur le fil de notre histoire
4 septembre 2020

Page 115

Lire ; un calvaire pour certains, une obligation pour d’autres, et, une passion pour quelques-uns. J’avoue faire partie de cette dernière catégorie. La lecture est pour moi tellement de choses : une liberté, une forme d’évasion, une source de bonheur, un puits d’émotions en tous genres, … Parfois distrayante, parfois cathartique, la lecture n’est jamais inutile. J’ose même dire qu’elle m’est vitale.

En tant que lectrice, j’ai des tas de rituels, ou de manies - à votre guise - comme de mettre mon nez dans les pages du livre pour en respirer l’odeur, comme la promesse d’une belle dégustation, je caresse les pages pour sentir le grain du papier, comme pour toucher l’histoire du bout des doigts, je soupèse le livre, comme si le poids du livre avait un lien avec le poids des mots, … Mais celle qui m’était jusque-là presque inconsciente, c’est une manie qui concerne les numéros de pages. En effet, quand je lis, je jette machinalement régulièrement un œil sur le numéro de la page ; non que je veuille vérifier mon avancée dans le livre, mais plutôt comme un repère quand je recherche ensuite un élément de l’histoire, de l’intrigue, …

Or, depuis le mois de juin, un numéro de page est devenu un gouffre à passer dans mes lectures : la page 115 !

 Lorsque Maman est tombée malade en mars dernier, elle lisait le dernier Agnès Ledig (« se le dire enfin »). Nous avions l’habitude d’échanger nos livres, pour échanger ensuite sur nos lectures. Je devais donc le lire après elle. Pendant plus de onze semaines donc, je passais devant sa table de chevet, voyant le livre qui l’attendait. Puis Maman est partie rejoindre les étoiles (au moment où je terminai la lecture de « Né sous une bonne étoile », d’A. Valognes, ça ne s’invente pas !), et j’ai mis quelques temps à oser récupérer le livre. Je l’ai ouvert là où était le marque-page, page 115 … et ai lu la dernière phrase que Maman a lue : « la vie ne tient parfois qu’à un fil. »

J’ai mis un certain temps à ouvrir le livre, à le lire…. Et que dire de cette page 115, sur laquelle je suis restée bloquée un certain temps, comme si un poids m’empêchait de tourner la page (quel sens d’ailleurs donner à cette expression dans le cas présent !?). J’ai fini par réussir, par aller au bout de ce livre, mais il s’est ensuite passé une chose étrange : depuis lors, pour les livres que j’ai lus, je bloque page 115. Je ne saurais dire pourquoi, je ne la vois pas venir, mais bizarrement quand je baisse les yeux sur le numéro de page d’un passage qui me dérange, me questionne ou m’interpelle, je suis …. Page 115 !

Combien de temps cela va-t-il durer ? Vais-je finir par apprendre la dernière phrase de la page 115, comme j’apprenais en un temps révolu la première et la dernière phrase de chacun des romans que je lisais ? Vais-je enfin pouvoir passer cette page sans m’en rendre compte lors de mes prochaines lectures ?

L’avenir seul nous le dira, comme s’il s’agissait du premier tome d’une nouvelle saga de mes lectures.

Et vous, vous avez aussi des bizarreries de lecture ?  

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Commentaires
O
C'est un moment (long) difficile à passer. Cette page 115 je pense qu'elle sera pendant longtemps là présente. <br /> <br /> Pour moi, je n'aime pas lire. C'est peut-être à cause de ma vue (mais je n'ai jamais aimée. Je préférais les Math)<br /> <br /> BISOUS Affectueux à tous et Bonne Rentrée.<br /> <br /> ODILE 67.
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