"On va y arriver"
Jamais cette phrase n'aura eu autant d'écho et n'aura provoqué autant d'émotion en moi ! Ces quatre mots, je les ai entendus hier midi, de la bouche de l'orthophoniste qui suit mon Loulou depuis plus d'un an (avant, il y avait eu près de deux ans avec une autre, mais non spécialiste des troubles de l'oralité, et que je ne remercierai jamais assez d'avoir eu l'honnêteté intellectuelle de nous dire qu'elle ne savait plus faire dans le cas de notre Loulou et qu'elle passait la main à quelqu'un de plus compétent qu'elle !).
Après des moments de doute, de peurs incontrôlables de ne jamais y arriver justement, après des impressions de non-dit, après des moments de quasi-honte à devoir expliquer aux gens que "oui, il est non verbal aujourd'hui, oui, c'est long ; mais oui, il progresse, même si ce n'est pas assez vite par rapport aux standards dont on rêve, par rapport à ce qu'on voudrait que ce soit,..." ; et bien, oui, ces quatre mots m'ont mis les larmes aux yeux !
En résumé de notre entretien de fin de séance, voici ce qu'elle m'a dit de mon fils : c'est un warrior, il a une force et une volonté incroyable, une sensibilité à fleur de peau, une envie de toujours avancer phénoménale pour un petit bout de son âge et avec son bagage, il progresse à chaque fois, il renonce rarement ou alors juste par fatigue ou ras-le-bol momentané, oui, il râle parce qu'il s'affirme, mais c'est une qualité. Depuis, quelques semaines, les progrès sont impressionnants à l'oral, tant en grimaces qu'en sons"...
Alors, tout n'est pas rose, il n'aura pas de prix d'éloquence demain matin, je le sais, il reste un long chemin à parcourir, mais je m'autorise enfin à croire que nous sommes sur un chemin et pas dans un tunnel ! Vous n'imaginez sans doute pas à quel point c'est dur de rester optimiste, face à lui, face aux autres qui posent tant de questions et doutent tellement, vous n'imaginez pas à quel point le sourire peut être forcé quand il faut affirmer qu'il est certes différent, mais qu'il va y arriver, sans que les larmes qui affluent derrière mes yeux n'aient envie de s'échapper et de couler sur mes joues, ...
De fait oui, ce midi, dans la voiture, elles ont coulé derrière mes lunettes de soleil, le temps du trajet jusqu'à son resto - plaisir, M*D*, où nous n'allons qu'une fois de temps en temps, quand c'est moi qui l'emmène chez l'orthophoniste (car en général, c'est avec Mamie qu'il y va) !
Certes, ces progrès sur la route de l'oralité sont assortis d'une fatigue extrême, d'une hypersensibilité exacerbée à son maximum, d'une peur de l'abandon encore plus grande, mais quel bonheur malgré la fatigue que cela engendre pour nous aussi, malgré les phases de régression sur le reste... peu importe, IL VA Y ARRIVER ... et pour moi, là tout de suite, c'est tout ce qui compte !