Eloge de l'éducation lente
A l'heure où tout va très vite, où la vie est une course permanente à la réussite ou à la performance, il m'est apparu important de me poser, et notamment dans le suivi de ma puce à l'école. La lenteur, tellement négativement connotée de nos jours, est pourtant importante dans les apprentissages : pour apprendre, il faut comprendre, et pour cela, il faut parfois du temps. Tous les enfants - comme les adultes - n'avancent pas au même rythme, et différemment selon les matières abordées.
Pour me conforter dans cette idée, corriger mes erreurs d'accompagnante face à ma fille dans les séances de devoirs, et parce que j'ai besoin de lire et d'apprendre moi-même, je me suis penchée sur cet ouvrage :
Quelques passages :
- tout acte requiert son propre temps. Il ne s'agit pas de tout faire lentement, mais de trouver le temps demandé par chaque événement.
- A l'école, nous faisons en sorte que les élèves suivent un rythme calibré. Nous sommes capables d'accepter la diversité mais lors des contrôles, nous pénalisons la lenteur.
- la multiplication des évaluations constitue des activités, et non des apprentissages. les apprentissages réussis sont ceux qui durent, mais cela est difficile quand il y a trop d"objectifs quantifiés, la machine est alors accélérée. .
- avant d'apprendre l'algorithme de l'addition, l'enfant doit avoir pratiqué des centaines d'opérations, dans autant de situations différentes. Ce n'est qu'ainsi qu'il qourra assimiler et transformer cet algorithme en aptitude. Passer à l'opération sans l'avoir essayée, expérimentée, sans avoir manipulé le concept conduira à un apprentissage mécanique, sans compréhension profonde.
Rien n'est plus vrai que ce dernier point ! La Puce est arrivée à 7,5 ans, sans scolarisation préalable, et, même si elle suit aujourd'hui fort honorablement son CE2, on sent bien que les apprentissages mathématiques ne vont pas de soi... Nous manipulons encore beaucoup : des cubes, des crayons, des livres, des bonbons... tout est bon pour rendre concret un problème... Si "dans une classe de 18 élèves, il y a un dictionnaire pour deux. Combien y a t'il de dictionnaires ?" ...vous paraît simple,... ici, pour que ça parle, il faut aligner 18 doudous avec un livre chacun. On compte les livres, on en déduit la ou les opérations, et ensuite on l'écrit... les problèmes suivants se résolvent d'eux-mêmes, le concept est compris...jusqu'à la prochaine série, dans quinze jours, où on réalignera les doudous (toujours prêts à aider) pour reprendre la structure mentale de la question ... et ainsi de suite.
Bonne lecture !