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Sur le fil de notre histoire
18 février 2015

Mea Culpa #2

Quand on devient parent par adoption, de nos jours, on est conscient que la parentalité adoptive a quelque chose de particulier. En effet, on se prépare d'abord au fait que l'enfant que l'on aura ne sera pas l'enfant dont on a rêvé ... Vous allez me dire que ça, tout parent le sait, adoptif comme biologique... Je suis d'accord,mais quel parent biologique a eu affaire à une assistante sociale, à un psy qui lui a expliqué tout cela en long, en large et en travers... avant de se voir délivrer l'autorisation de faire un enfant ? 

Je sais, c'est extrême, mais c'est juste pour expliquer que nous, parents adoptifs, nous sommes mis en garde à de multiples reprises sur les spécificités qui nous attendent, sur le fait que nous allons accueillir un enfant pour lequel la filiation n'est pas une évidence, qui ne sait probablement même pas ce qu'est une famille.... et que donc, il va nous falloir être très attentifs, attentionnés, avoir tel ou tel comportement, répondre de telle ou telle façon à une question, à une attente... Et, parce qu'on est si conscient de la particularité de notre façon de devenir parent, on se met à lire des tas de choses, d'ouvrages, de sites internet, à aller écouter des conférences sur la parentalité adoptive... Entendons-nous bien, j'adore ces moments, ces lectures, ces échanges, ces explications, ... Pourtant, il m'arrive de me demander si tout cela n'est pas trop ? 

Je me suis encore posé la question cette semaine. En effet, en couchant ma puce, celle-ci a "fait le bébé", j'entends par là qu'elle s'est mise à faire semblant de babiller, de façon aussi niaise qu'inutile. Et ma réaction ne s'est pas faite attendre : "arrête, tu sais très bien que je n'aime pas du tout quand tu fais ça ! Ca ne sert à rien, c'est ridicule  et ça m'agace". Puis, j'ai dit "bonne nuit", fais le câlin traditionnel, et je suis redescendue. Ensuite, pendant la soirée, et même le lendemain, je n'ai eu de cesse de me remémorer ce moment-là ... N'ai-je pas été trop dure ? Ma réaction n'a t'elle pas été trop vive ? Elle a besoin de redevenir parfois le bébé qu'elle n'a pas été vraiment ...

Et puis, j'ai repensé  à un échange de mails récent avec une autre maman adoptive, qui parlait de son besoin d'avoir des moments rien qu'à elle le week-end, juste pour se détendre et  se distraire, et à qui je répondais que j'avais quasiment mis entre parenthèse le temps que je m'accordais pour les loisirs créatifs en solo depuis l'arrivée de ma puce, ... à part certains après-midi où elle était encore à l'école et moi à  la maison, depuis janvier de cette année seulement. De fait, j'ai continué à réfléchir, à penser à tout cela, ... et je me suis dit : 

- il y a une différence importante entre le fait de vivre certains événements de la petite enfance à 9,5 ans (ne pas quitter Doudou, se nicher sur mes genoux, en demandant des câlins, demander de l'aide pour des choses qu'elle sait faire en totale autonomie...juste pour qu'on s'occupe d'elle), et le fait de "parler bébé", chose qui m'a toujours prodigieusement agacée. Donc, j'assume ma réponse de l'autre soir !

- nous devons certes accorder toute notre attention à notre enfant, lui consacrer la plus grande partie de notre temps libre pour lui faire comprendre ce qu'est la famille, pour se donner le temps de  "faire famille", nous sommes d'accord... Mais cela doit-il obligatoirement signifier qu'on doit renoncer à ce qui nous permet de nous ressourcer ? Dois-je continuer à ne plus aller seule (une fois par an) dans un institut pour me relaxer au cours d'une séance spa - massage, juste parce que ma fille pleure parcce qu'elle accepte difficilement que je fasse un truc sans elle ? Finalement, je ne le pense pas ! Je lui expliquerai que j'ai beosin de ce moment rien qu'à moi, mais j'y retournerai seule ! Tout comme je pense que cette autre Maman a raison de s'accorder un moment à elle pour jouer à un truc qui n'est pas fait pour une jeune enfant ... Finalement, la frustration fait partie des apprentissages de la vie, non ? Ca commence à 2,5 ans ? Ca tombe bien, on est pile dans le délai d'arrivée de nos enfants... du coup, c'est leur façon de vivre la petite enfance  qu'ils n'ont pas eue ...

De ce fait, en y réfléchissant bien, tant pis si parfois je suis une mauvaise mère, je continuerai à faire  la différence entre la compréhension de ce que sont nos enfants, qui arrivent avec un bagage lourd, et ce que je suis en mesure d'accepter... Je continuerai donc à me corriger sur mes exigences en matière d'école ou de comportements, je resterai vigilante sur les tsunamis émotionnels que peuvent provoquer des événéments anodins pour nous, je continuerai à défendre et à expliquer, à l'école ou ailleurs, les spécificités de enfants adoptés, surtout arrivés grands, ... bref, je continuerai à lire, à intégrer les savoirs et les expériences de ce qui doit être fait en matière de parentalité adoptive, mais je resterai pour autant moi-même.

Non, je ne supporte pas les "gnangans" et les enfants qui font semblant d'être des bébés, et tant pis si ça n'est pas bien, je persisterai... Mea culpa ! 

 

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Commentaires
V
Je pense que nos enfants ont surtout besoin de parents épanouis, sereins et reposés et que oui cela passe par les laisser parfois pour prendre du temps pour soi ou pour nous (les parents sans eux). <br /> <br /> Pour ma fille cela a toujours été très difficile, elle nous faisait beaucoup culpabiliser pour juste une soirée avec la baby-sitter, depuis que son frère est arrivé c'est réglé lui cela ne l'a jamais dérangé... (donc on a plus les terribles crises de larmes et chantages divers et variés pour compenser notre sortie).<br /> <br /> Je trouve que nous avons aussi des façons de voir les choses différentes avec la génération de nos mères (en tout cas la mienne comme ma belle-maman) car ni l'une ni l'autre n'aurait eu ce genre de "prétentions" ou d'idées, d'avoir le droit à du temps pour elles. Mais moi je suis persuadée qu'il en faut effectivement !<br /> <br /> Et qu'il y ait des choses ou des jours où l'on fasse le contraire de ce qu'il y a dans les bouquins c'est normal aussi, le côté positif c'est quand la plus part du temps on est confortée par notre façon de faire dans nos abondantes lectures (ou échanges par blog par ex !!).<br /> <br /> Bon week-end et gros bisous<br /> <br /> Virginie<br /> <br /> PS : et oui la frustration c'est essentiel pour grandir !
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M
Ah les regressions... mon loulou aussi fait le bébé quelquefois alors qu'il vient d'avoir 8 ans. Je le laisse faire, il est tellement mature par d'autres cotés. Je sais que c'est une passade, un besoin de se rassurer. Par contre, ce qui m'énerve, (encore hier soir) c'est quand il fait semblant de parler dans une langue étrangère. ça m'horripile. J'ai du mal à savoir pourquoi ? Peur qu'il m'échappe, qu'il parle sa langue d'origine (pourtant ça ne me gène pas particulièrement) ???<br /> <br /> Ces énervements nous renvoient surement à un truc chez nous (quoi ???).<br /> <br /> Comme toi, je crois qu'il faut prendre du temps pour nous ,sans les enfants pour se ressourcer mais ce n'est pas toujours facile entre la culpabilité de les laisser et le peu de temps finalement dispo entre le boulot et la maison.<br /> <br /> Marie
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B
complétement d'accord...les enfants gnangnan m'agacent aussi.Mais des souvenirs de doudous avec mon fils , je pourrai en raconter. Je me souviens d'une formation sur le lien affectif parent enfant. Mon fils ne supportait pas que je m'éloigne , attendait mon retour assis sans aucune activité. Nous il y avait "poupouille". Le formateur m'expliquait à cette époque que ce tintin, doudou était une façon de se rassurer. Cet objet de subsitution était le lien entre maman et l'enfant, cette peur de l'abandon.Puis un jour mon fils a délaissé sa poupouille ( que j'avais en double) et qui avait bien souffert et je ne vous parle même pas de l'odeur.Alors j'ai rangé précieusement poupouille...puis mon fils a grandi. Le jour de ses 18 ans , j'ai ressorti poupouille , j'ai fait un joli paquet et je lui ai offert.Nos regards se sont croisés et dans ses yeux un message d'amour extraordinaire et dans les miens ce sentiment: " je suis toujours là prés de toi et cela ne changera pas mais voilà je te passe le relai car tu es devenu un homme". je lis attentivement vos messages de parents adoptifs car ils m'interpellent chaque fois.<br /> <br /> Un message perso pour toi Christelle" je sais ton parcours, je sais combien ce désir d'enfant a souvent bouleversé nos rencontres. Toi ou toutes autres mamans ne faisons pas toujours bien les choses, l'essentiel est d'être là avec nos difficultés, nos craintes, nos colères , nos valeurs, notre envie de faire bien, de donner cette éducation et d'être au top. Je te dirai que chaque jour on apprend à être mère et souvent nos maladresses ne sont que des messages d'amour que nous n'arrivons pas à exprimer. Je sais que tu fais beaucoup d'efforts et que tu essaies d'être une super maman mais il faut être aussi une super woman et s'accorder du temps à soi pour recharger batteries pour mieux revenir"Bisous
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E
pas facile d'avoir un bon juste milieu entre l'attention pour nos enfants et l'attention qu'on doit aussi se porter à nous meme! <br /> <br /> quand au parler gaga, je compatis moi aussi ça m'horripile, surtout quand tu peux avoir des formes de maternages bien plus enrichissantes comme les calins!<br /> <br /> bon spa alors!
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O
Je ne suis pas psy, au contraire j'ai tendance à être terre à terre.<br /> <br /> Votre post, m'interpelle. Ce que vous racontez n'est pas spécial à un enfant adopté.<br /> <br /> Je me souviens, il y a de nombreuses années au moment du coucher, il arrivait à mon fils de faire son BB et au contraire de vous, j'aimais bien car c'était un moment de câlins, de chatouilles, qu'il fallait arrêter de peur de s'énerver et de ne plus pouvoir dormir. (Et ces moments devenaient de plus en plus rares, c'est pas comme s'il faisait BB toute la journée)<br /> <br /> Quand au "Nounours", il l'a gardé presque tout le temps, si vieux si mal en point, qu'on n'osait plus le laver mais c'était son Doudou et il en avait besoin. (D'ailleurs, IL doit se trouver dans un carton "je ne sais où" mais on n'a pas pu le jeter).<br /> <br /> Je pourrais vous citer une autre histoire sur le biberon du matin mais ce serait long....<br /> <br /> Quand à votre absence pour le spa, là je ne dis rien car je ne connais pas, votre fille a t elle toujours peur d'être abandonnée une 2 ième fois???<br /> <br /> La vie n'est pas toujours facile, et dans l'avenir "on se pose toujours des questions qui se retrouve avec ou sans réponses même avec le temps passé". En avez vous parlé avec votre Maman??<br /> <br /> Dans le Coeur d'une Maman, "son fils", sera toujours son "petit BB" même "s'il a 40ans".<br /> <br /> BISOUS Affectueux et Courage.<br /> <br /> ODILE 67.
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